Ketonou : paradis pour les moustiques, danger pour la mère et l’enfant.

Après avoir exploré le monde, je crois que le moment est venu de faire une petite escale au Bénin, histoire de nous ressourcer….Et, osons le dire, de nous faire piquer bien malgré nous par quelques moustiques vecteurs du paludisme….Alors que diriez-vous d’aller avec moi à la découverte de Ketonou ?

 

Par un sympathique mercredi de mai 2016, (vous m’excuserez mais la date précise m’a échappé depuis),  je me suis rendu à Ketonou pour raisons personnelles. Jusqu’à ce jour-là, j’ignorais tout de l’apparence de ce village situé à quelques encablures de Porto-Novo. Outre sa consonance étrangement voisine de Cotonou, (et c’est bien là l’unique presque ressemblance entre la très citadine cité du littoral et ce modeste patelin de l’Ouémé) cette destination, loin d’être un haut lieu de tourisme, m’apparaissait prodigieusement dénuée d’intérêt.

Sur la route de Ketonou
Sur la route de Ketonou

Une zone hautement marécageuse

Pourtant, les usagers de l’axe routier Porto-Novo-Cotonou sont tous tombés au moins une fois dans les environs de Djèrègbé, sur la fameuse pancarte indiquant Ketonou. Ce mercredi-là, j’allais enfin en savoir un peu plus sur cette localité plus éloignée de l’axe routier qu’on pourrait le penser. D’ailleurs, j’aurais totalement passé ce voyage sous silence si certains détails n’avaient pas piqué ma curiosité. En effet, alors que par sentiers bardés d’herbes et de flaques d’eau, le zémidjan* me conduisait vers ma destination,

je lui ai demandé sous le coup d’une subite impulsion s’il y avait des moustiques dans la région. La réponse ne s’est pas faite attendre :

« Et comment ! Il y en a vraiment beaucoup», répondit-il. Presque aussitôt,

– « Dormez-vous sous moustiquaires ? »

– «  Bien sûr ! Personne ne se risquerait à dormir sans moustiquaire à Ketonou, tant les moustiques sont nombreux ».

 

Quelques minutes plus tard, il me déposait devant l’église catholique de Ketonou. Alors que j’attendais le curé de la paroisse, mon attention fut attirée par ce marécage:

Marécages à Ketonou
Marécages à Ketonou

 

Après quoi, il m’était beaucoup plus facile de comprendre pourquoi la zone était infestée de moustiques. Quelques minutes plus tard, je demandais au père Paulin Gnansounou, curé de la paroisse, s’il y avait des moustiques dans la localité. Il me répondit non sans une touche d’humour : «  Il y en a beaucoup ! Ils nous assaillent de jour comme de nuit, nous gratifiant de leur concert dont la symphonie est dissonante. D’ailleurs, il y a quelques jours de cela, notre vente de charité s’est terminée plus tôt que prévu car leur présence agaçait les fidèles ».

Environs de l'église catholique de Ketonou
Devanture  de l’église catholique de Ketonou

Tout étant une question de point de vue dans la vie, on pourrait être tenté d’affirmer que la présence massive de moustiques sur une paroisse est révélatrice du fait qu’ils croient sans doute en Dieu et viennent fréquemment pour des séances de prières sur fond de bourdonnements intempestifs….Mais la chose paraitrait peu crédible car en fait, le problème est plus profond. Il se trouve qu’à l’instar de certaines régions du Bénin, Ketonou est une zone quelque peu marécageuse. Elle présente en conséquence, toutes les conditions favorables à la prolifération des moustiques et le risque de paludisme y est constant.

Flaque d'eau sur la route de Ketonou
Flaque d’eau sur la route de Ketonou

Depuis le 1er janvier 2007, les données de l’horloge du paludisme conçue par Barry Hearn  révèlent que cette maladie entraine une mort prématurée toutes les 10,5 secondes. Le plus inquiétant, c’est que plus de 12 millions de ces victimes sont des femmes enceintes et des enfants de moins de 05 ans. Il urge donc que des approches de solutions, notamment la pulvérisation ou l’usage de répulsifs, soient trouvées  en plus de l’utilisation des moustiquaires imprégnées . Autrement les femmes enceintes et les enfants de Ketonou risquent fort de venir gonfler ces statistiques macabres.

 

Dans l’intérêt supérieur de votre santé:

*Zémidjan: conducteur de moto-taxi

A propos de Francis Ahlé 7 Articles
Fondateur de Mondesanspalu, Francis AHLE est travailleur social de formation, rédacteur web, journaliste et écrivain. Ayant connu plusieurs épisodes de paludisme au cours de sa jeunesse a l'instar de nombreux autres enfants africains, il en a gardé plusieurs mauvais souvenirs. S'appuyant sur une formidable équipe, il souhaite faire de Mondesanspalu un acteur majeur de la lutte contre le paludisme en Afrique et dans le monde.

1 Trackback / Pingback

  1. Ces bonnes nouvelles relatives à l'actualité du paludisme - MondesansPalu.com

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*